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Qu’est-ce que le Dessein Intelligent ?

Photo du rédacteur: Harmonie Science et foiHarmonie Science et foi

Avant de dire ce que le Dessein Intelligent est, il faudrait préciser ce qu’il n’est pas. Ce n’est pas du créationnisme et il n’est pas non plus une façon de démontrer l’existence de Dieu au-delà de tout doute. Le Dessein Intelligent affirme simplement que certaines caractéristiques de l'univers et des êtres vivants s'expliquent mieux par une cause intelligente et non par un processus aléatoire ou non dirigé tel que la sélection naturelle. Mais il ne peut pas nommer cette cause intelligente, parce que sa base argumentaire se résume strictement à l’interprétation et aux conclusions sur les données scientifiques.


Pour cette raison, le Mouvement du Dessein Intelligent accueille un grand nombre de croyances et d’opinions, en passant par les créationnistes chrétiens, juifs, islamiques ou bouddhistes, jusqu’à certains agnostiques, et même des athées adeptes de la panspermie (la vie sur notre planète est un produit extraterrestre).

Donc, à l’intérieur de ce mouvement, même si vous êtes le créationniste le plus fervent et le plus conservateur, vous êtes le collaborateur d’un adepte de l’évolution dirigée ou même d’un adepte de la création malveillante (ceux qui affirment que le but du Créateur a été de torturer ses créatures).


Il faut dire que depuis le début de son apparition, le mouvement a dû faire face à une vigoureuse montée de boucliers de la part du monde académique, qui le considère comme étant pseudoscientifique. La réponse du Dessein Intelligent est que, dans ce cas, le mouvement ne pourrait pas être plus pseudoscientifique que l’évolutionnisme, car il utilise les mêmes types de raisonnements que celui-ci pour arriver à des conclusions contraires. Par exemple, l’évolutionnisme affirme que ce qu’on retrouve aujourd’hui dans la nature constitue une preuve de l’évolution à travers le temps. Au contraire, le Dessein Intelligent affirme que l’information extrêmement complexe et spécifique, telle que l’ADN, contenue dans les mécanismes de la vie, ne peut pas avoir une autre source qu’une intelligence.


À vrai dire, autant l’évolutionnisme que le Dessein Intelligent sont plutôt des écoles de pensée, deux visions antagoniques sur le monde, deux philosophies qui s’abreuvent de la même science. De ce point de vue, il importe peu si on les considère pseudoscientifiques ou non; car de toute façon, elles se servent de la science seulement pour consolider leur base argumentaire. C’est un peu comme accuser une certaine école philosophique qu’elle n’est pas de la science. Cela ne ferait aucun sens, car la science et la philosophie restent des disciplines assez distinctes, malgré le fait qu’elles ont de larges zones de confluence.


Un peu d’histoire



Dans l’ensemble de son histoire, sauf quelques exceptions, l’être humain a toujours cru que l’ordre que nous constatons dans le fonctionnement de notre univers ne peut pas avoir une explication différente de l’ordre qui caractérise notre civilisation. Par exemple, si vous trouvez dans une forêt une maison avec toutes les commodités, et même de la nourriture chaude et prête à manger, c’est parce que la maison a un propriétaire. Le fait que vous ne pouvez pas retrouver ce propriétaire pour le moment ne veut pas dire que ce foyer est le produit du hasard. Cela veut dire simplement que le propriétaire n’est pas là pour le moment. Quand on regarde notre monde, elle a tout pour accommoder la vie, comme un foyer. Par conséquent, de la même façon qu’un foyer doit avoir un propriétaire même si on ne le voit pas, notre monde, lui aussi, doit avoir un propriétaire même si on ne le voit pas.

Au 19ème siècle, des philosophes de l'illuminisme, tel que David Hume, ont réfuté cette conception, et l’émergence des théories telles que les immenses ères géologiques de Lyell, ou l’évolutionnisme biologique de Darwin, ont mis en place une base conceptuelle assez articulée, ce qui a complètement évacué l’argument du dessein intelligent de l’espace académique. Mais les choses ont commencé à changer depuis la découverte de l’ADN et une nouvelle compréhension des mécanismes de la vie.


La première vague


Il semble que les premiers doutes ont surgi lors d’une discussion concernant l’évolution au cours d’un pique-nique chez le physicien Victor Weisskopf à Genève au milieu des années ‘60. Plusieurs mathématiciens, ingénieurs et physiciens américains présents ont montré leur surprise quant à la confiance quasi-religieuse des biologistes dans le pouvoir des mutations pour produire de nouvelles formes de vie dans le laps de temps disponible au processus évolutionnaire. Selon ces mathématiciens le mécanisme néodarwinien était confronté avec ce qu’ils appelaient « le problème combinatoire ».

Par exemple, certains verrous de vélo ont quatre cadrans à dix numéros de réglage. Un voleur de vélo rencontrant l'un de ces verrous (et qui manque son coupe-boulons) fait face à un problème combinatoire, car il existe 10 × 10 × 10 × 10, soit 10 000 façons possibles de les combiner dont une seule permettra l’ouverture de la serrure. Si le laps de temps disponible pour le voleur est court, il ne pourra pas essayer systématiquement toutes les combinaisons possibles. Ce que les mathématiciens voulaient dire aux biologistes est que pour assurer un minimum de mutations au processus évolutionnaire, le nombre de combinaisons nécessaires est si grand que le processus manquera de temps même si on parle d’un laps de 3,5 milliards d’années.

Les débats ont eu suffisamment d’échos pour qu’on organise une conférence en 1966, à Philadelphie, sous le titre : « Les défis mathématiques du néodarwinisme », présidé par le lauréat anglais du prix Nobel, Sir Peter Medawar.


La deuxième vague


Le 10 février 1985, plusieurs scientifiques de classe mondiale ont discuté une question scientifique et philosophique épineuse : comment la première forme de vie sur terre est-elle née et quelles origines ont les informations contenues dans l'ADN? Autrement dit, comment les produits chimiques s'organisent-ils pour produire un code ? Charles Thaxton, Walter Bradley et Roger Olsen venaient de publier un livre controversé intitulé « Le mystère de l’origine de la vie ». Leur livre a fourni une critique complète sur les tentatives qui avaient été faites pour expliquer comment la première forme de vie était née dans l'océan primordial, la soi-disant soupe prébiotique. À la fin de leur ouvrage, ils avaient conclu que toutes ces théories n'avaient pas réussi à expliquer l'origine de la première forme de vie.


Les autres scientifiques présents ont contesté la nouvelle hypothèse controversée de Thaxton et ses collègues qui avaient suggéré que les informations contenues dans l'ADN pourraient provenir d'une source intelligente ou, comme ils le disent, d’une « cause intelligente ». Étant donné que d'après notre expérience les informations proviennent d'une source intelligente et que l'information contenue dans l'ADN soit « mathématiquement identique » à l'information contenue dans un langage écrit ou dans un code informatique, ils ont suggéré que la présence d'informations dans l'ADN pointait vers une cause intelligente. Le code, en d'autres termes, pointait vers un programmeur.


La troisième vague


À partir des années 1990, le Discovery Institute de Seattle (Washington, É.-U.) fait son apparition. Le premier ouvrage qui a marqué le monde académique a été celui du biochimiste Michael Behe : « Darwin’s Black Box », dans lequel le scientifique a présenté la notion de complexité irréductible dans le monde vivant à travers plusieurs exemples dont le flagellum bactérien. Il dit que l’absence d'une seule petite partie entraînerait l'arrêt effectif du système de propulsion de la bactérie ce qui rend improbables les transitions entre quelque chose de moins complexe vers quelque chose de plus complexe. Par contre, supposer que de tels mécanismes ont été construits d’un seul coup semble beaucoup plus plausible.


En 1998, l'ouvrage : « L'inférence de conception : éliminer les chances grâce à de petites probabilités », de William A. Dembski, met en valeur la notion de complexité spécifique dans le monde vivant. En gros, ce que Dembski affirme est que si une chose est statistiquement improbable à arriver sous la forme d’un modèle qui est spécifique et qui fait du sens, alors elle peut être jugée comme étant causée par un agent intelligent.

Puis en 2009 Stephen C. Meyer publie l’ouvrage : « Signature dans la cellule : l’ADN et la preuve d'une conception intelligente », qui reprend les affirmations faites par Thaxton et ses collègues, et fait un pas plus loin. Il démontre que non seulement l’existence d’un code pointe vers un programmeur, mais ce code, qui est similaire à un code informatique, est utile juste en présence des mécanismes de deuxième forme de recodage, l’ARN, qui copie et transfère cette information vers un système d’interprétation et de manufacture de protéines : le ribosome. Donc, nous avons non seulement à justifier la présence de l’information, mais aussi les mécanismes qui rendent cette information utile. Pour cela, l’intelligence créatrice semble la meilleure explication, et non pas des processus de transformation aveugles.


Les organismes vivants



En gros, ce qu’on découvre à l’intérieur d’une cellule, c’est de la nanotechnologie manufacturière dirigée par une technologie informationnelle. Ces deux technologies retrouvées ici sont beaucoup plus avancées que notre niveau technologique actuel. À titre d’exemple, nous sommes capables de créer des nanorobots qui servent à transporter ou à effectuer des opérations simples et qui sont télécommandés de l’extérieur avec diverses méthodes. Mais il n’est pas question que l’on puisse les construire de manière à pouvoir intégrer la technologie de l’information et les rendre tout aussi autonomes que les organites cellulaires. Les cellules vivantes intègrent d’innombrables nano-machineries qui se comportent comme des systèmes autonomes et qui sont produites et gérées de la même façon que nos processus manufacturiers dirigés par ordinateur. La vie, telle que nous la connaissons, est une sublime prouesse technologique taillée sur la pointe du rasoir et encore inatteignable pour notre niveau technique actuel, c’est-à-dire pour nos capacités de conception et de mise en œuvre.


Jusqu’à aujourd’hui le seul agent susceptible des exploits technologiques de pointe est l’agent intelligent. Dans ce contexte, dire que la vie, avec sa complexité quasi-infinie est le fruit du hasard, devient vite une affirmation suspecte. Il s’agit d’un type d’affirmation tellement exceptionnel qu’il réclame une preuve tout aussi exceptionnelle. Ce que le Dessein Intelligent affirme est que non seulement cette preuve n’existe pas, mais qu’il est tout à fait déraisonnable de faire du hasard et de la nécessité aveugle un ingénieur plus compétent et plus capable que nos plus brillants ingénieurs et spécialistes pris collectivement. Sinon nous sortirions d'un cadre scientifique normal et nous nous placerions sur le territoire fantasmagorique de la métaphysique.


La question de l’ajustement fin de l’univers


De nos jours, on n’affirme plus qu’il serait possible que les lois et les constantes qui régissent notre univers soient un simple fruit du hasard, on a ressenti le besoin de chercher une autre explication satisfaisante. Ces lois et constantes physiques sont si bien calibrées et si fortement entrelacées que la simple pensée de les considérer comme le fruit du hasard deviendra synonyme de folie. Pour cette raison, les scientifiques ont élaboré la théorie du Multivers. Selon celle-ci, il existe une multitude d’univers différents qui ont été générés de manière aléatoire et que notre univers a eu par hasard cette configuration. Le problème de cette théorie n’est pas seulement le fait qu’il n’existe aucune preuve tangible ou qu’une telle preuve pourrait un jour être disponible, mais aussi parce qu’elle suppose un mécanisme de « fabrication des univers » qui, à son tour demande une explication encore plus élaborée que l’explication de notre univers. Mais, juste le fait que les scientifiques ont ressenti le besoin de chercher la cause de notre monde à l’extérieur de notre univers, qui est le cadre habituel du naturalisme et du matérialisme, ils semblent faire déjà un pas dans la bonne direction. Cela montre les signes de leur vieillesse en tant que paradigmes de la science en présageant ainsi leur retraite bien méritée.


Par Daniel Capitanu

Groupe Harmonie Science et Foi


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