1) C’est quoi l’ADN?
L’ADN, acide désoxyribonucléique, peut être considéré comme une gigantesque bibliothèque où sont stockés tous les programmes de synthèse des protéines dont nos cellules ont besoin pour fonctionner (Brown, 2000). C’est le plan qui permet de fabriquer un organisme. C’est donc le matériel génétique, que nous recevons de nos parents, et que nous transmettons aussi à nos enfants.
Dans le milieu scientifique, il est reconnu unanimement que la molécule d’ADN est extrêmement complexe. Cette complexité est traduite par différentes analogies dans la littérature scientifique. Par exemple, le Professeur Richard Dawkins de l’Université Oxford, dans son livre « Le gène égoïste », définit l’ADN comme le plan d’un Architecte : « C’est comme si dans chaque pièce d’un immense bâtiment, il y avait une bibliothèque contenant les plans de l’Architecte pour tout le bâtiment. »
Bill Gates, PDG de Microsoft, a déjà dit que l’ADN est un programme informatique de loin plus complexe que tout ce que l’homme a déjà créé. L’ADN est organisé comme un énorme alphabet formé des lettres A, T, C, G, qui se répètent dans un ordre bien défini, pour donner des séquences qui vont être lues et traduites en protéines, les molécules qui nous constituent majoritairement. On compte environ 3 milliards de paires de lettres dans l’ADN humain. En termes de volume d’informations, l’ADN humain est comparé à une pile de plus de 200 annuaires téléphoniques. C’est ce que nous avons dans chacune de nos milliers de milliards de cellules.
2) Décodage du génome humain en 2003
Le projet de décodage du génome humain a été complété en 2003. Ce projet a mobilisé pendant plus de dix ans, plus de 1100 scientifiques réunis dans des laboratoires du monde entier (États-Unis, Europe et Asie), et il a coûté plusieurs milliards de dollars. Qu’est-ce que cela a impliqué en termes de travail?
La journaliste scientifique Kathryn Brown utilise l’image d’une encyclopédie pour illustrer l’ampleur du travail. Imaginez qu’on découpe une encyclopédie d’un millier de pages. Ensuite, on découpe séparément chaque page en de très petits morceaux qu’on identifie. On étudie chaque morceau, et on reconstitue chaque page en recollant les petits morceaux, et finalement l’encyclopédie au complet.
Ce travail extraordinaire de décodage a permis aux scientifiques de lire les gènes qui composent le génome humain, environ 30 000. Mais cette partie dite codante représente seulement 2% de l’ADN. Le reste (98%) était considéré pendant longtemps comme de l’ADN poubelle, quelque chose qui ne servait quasiment à rien. Les données ont changé. Ce 98% du matériel génétique est appelé aujourd’hui épigénome. Il contient, entre autres, des gènes régulateurs qui contrôlent le fonctionnement des autres gènes qui servent à fabriquer les protéines.
3) Comment l’ADN fonctionne-t-il?
La molécule d’ADN est localisée dans le noyau des cellules. Pour la synthèse des protéines, elle ne quitte pas le noyau. Elle fabrique un envoyé spécial, une autre molécule qui lui ressemble, c’est l’ARN. Cette molécule quitte le noyau pour aller à la rencontre d’une machine spécialisée qui va la lire, comme un code à barres, pour synthétiser les protéines au besoin.
La synthèse d’une protéine est réalisée de manière étonnante. On peut comparer cette synthèse à la rédaction d’une phrase. Les lettres qui composent l’ADN sont regroupées en triplets, qui forment des codons. Les codons correspondent aux 20 acides aminés qui composent les chaines protéiques. Quand une protéine est synthétisée par la cellule, un codon sert à indiquer le début de la synthèse, comme on commence une phrase par une lettre majuscule. À la fin de la séquence, un autre codon sert à indiquer la fin de la synthèse, comme on termine une phrase par un point.
4) Quelques faits étonnants concernant l’ADN, qui défient le hasard
a. Mécanismes de prévention et de réparation des erreurs de réplication au moment de la division cellulaire
Nos cellules se divisent pour permettre aux organismes vivants de se développer et de s’entretenir. Quand une cellule se divise pour donner deux cellules filles, l’ADN fait une copie conforme d’elle-même, pour permettre à chaque cellule fille de recevoir un exemplaire du bagage génétique de la cellule mère.
L’ADN étant un gros alphabet, des erreurs de copie peuvent se produire pendant la division, comme on peut faire des erreurs en recopiant un texte. L’ADN dispose de mécanismes très complexes qui lui permettent de corriger la plupart de ces erreurs de copie. Toutefois, certaines erreurs peuvent dévier les mécanismes de correction. C’est ce qu’on appelle une mutation génétique.
b. Différenciation cellulaire
Toutes les cellules d’un organisme possèdent la même information génétique, mais chaque type de cellules produit ses protéines spécifiques. Par exemple une cellule du cerveau, un neurone, ne produit pas les mêmes protéines qu’une cellule du foie. La cellule du foie ne produit pas les mêmes protéines qu’une cellule de la peau. Cela est rendu possible grâce à un mécanisme appelé épissage alternatif.
Imaginez une partition de musique où on retrouve les notes pour tous les différents instruments d’un orchestre sur la même page. Chaque musicien joue la portion de la partition qui correspond à son instrument. C’est ce que font les différents types de cellules avec le même matériel génétique.
c. Nombre chromosomique et caryotype
Le matériel génétique est organisé sous la forme de bâtonnets appelés chromosomes. Chaque espèce est caractérisée par un nombre de chromosomes déterminé. Deux espèces peuvent avoir le même nombre de chromosomes, mais le caryotype de chaque espèce est unique. Le caryotype désigne la façon dont les chromosomes sont arrangés dans la cellule. C’est une sorte de représentation photographique des différentes paires de chromosomes de l’espèce. Il marque la frontière de l’espèce. C’est ce qui fait que les croisements interspécifiques donnent en général des progénitures stériles. L’exemple le plus connu est le mulet, qui est le résultat du croisement d’un âne et d’une jument.
d. Inactivation d’un chromosome X chez les femelles
Nous portons dans nos cellules deux exemplaires, donc des paires, de nos différents chromosomes, un qui vient du père et un qui vient de la mère. La dernière paire de chromosomes d’une espèce représente les chromosomes sexuels, c’est-à-dire ceux qui déterminent le sexe des progénitures. La femme porte une paire de chromosomes sexuels identiques XX, tandis que l’homme possède la paire XY, le X et le Y étant différents, c’est-à-dire qu’ils ne portent pas la même séquence de gènes, ou la même information.
Pour éviter une double expression du chromosome X chez la femme alors que l’homme en possède un seul, pendant le développement embryonnaire, un chromosome X est inactivé chez les bébés femelles. Il y a donc équité entre les deux sexes pour le chromosome X.
Ces quatre faits représentent une goutte dans un verre d’eau, par rapport à la grande complexité de l’ADN.
5) Que dit la théorie de l’évolution sur l’ADN?
Dans la pensée évolutionniste athée, la naissance de l’ADN est attribuée au hasard, comme la vie d’ailleurs. Les tentatives d’explication sont diverses, mais elles ne respectent aucune logique scientifique.
Par exemple, le célèbre généticien français Albert Jacquard, dans son livre L’Éloge de la différence, a écrit: « Un beau jour apparait l’ADN, une molécule parmi tant d’autres ». Comment est-elle apparue? Dans un autre livre, L’Avenir n’est pas écrit, Albert Jacquard explique qu’il il y a quelques milliards d’années, des évènements catastrophiques se déroulaient sur notre planète. Dans un environnement cahotique, des molécules se formaient et disparaissaient presqu’aussitôt. À un moment donné, une molécule aurait acquis la capacité de faire un double d’elle-même, et aurait été capable d’échapper à la destruction. C’est ainsi que l’ADN serait né, selon le professeur Jacquard.
Le hasard peut-il vraiment réaliser ce miracle?
Comment peut-on attribuer au hasard un tel chef d’œuvre de complexité? L’ADN porte l’information qui sert à fabriquer les protéines, mais son fonctionnement est lui-même contrôlé par de multiples protéines. Par exemple, à l’intérieur du noyau de la cellule, l’ADN est sous une forme très condensée (un fil de deux mètres de long). Cette forme condensée est rendue possible grâce à l’enroulement de l’ADN autour de protéines appelées histones, de la même façon qu’on enroule un fil autour d’une bobine. Quand l’ADN se duplique, cela nécessite des enzymes qui sont des protéines. La fabrication de l’ARN nécessite des enzymes aussi. Le système complexe de réparation des erreurs de copie est constitué de nombreuses enzymes.
Alors, qu’est-ce qui est arrivé avant, les protéines ou l’ADN? Le problème reste entier pour la vision évolutionniste. Il est important d’évoquer ici le concept de complexité irréductible, énoncé par le professeur Michael Behe.
C’est l’idée que tout système complexe a besoin de toutes ses composantes en même temps pour être fonctionnel. Si on enlève une pièce, le système n’est plus fonctionnel. L’ADN est un parfait exemple de complexité irréductible.
C’est un système qu’on ne peut pas construire graduellement grâce à de légères modifications apportées par le jeu de forces aveugles guidées par le hasard. Par quels mécanismes a-t-on pu passer d’un nombre de chromosomes à un autre, ou d’un caryotype à un autre, pour transformer une espèce en une autre? Ces questions restent sans réponse dans la vision évolutionniste.
6) Information et intelligence
Aujourd’hui, n’importe qui admettra que l’information fait nécessairement appel à une intelligence. Une information très simple, comme l’arrangement de quelques lettres pour former un mot qui a un sens, fait penser à une intelligence. Si je me promène tout seul sur une plage, et que je remarque par exemple un cœur dessiné dans le sable, la première idée qui me vient en tête est que quelqu’un est passé par là, et a dessiné ce cœur. Il ne peut pas se former par l’effet des vagues, au hasard.
Tous les programmes informatiques que nous utilisons, des plus simples aux plus complexes, ont un concepteur, alors que le plus complexe de tous (selon les propos de Bill Gates lui-même) serait apparu au hasard? Il est impossible d’obtenir la banque d’informations la plus complexe de l’univers connu par le simple jeu du hasard. Comment peut-on attribuer au hasard une molécule dont le décodage très partiel a nécessité le travail acharné de plus de 1000 cerveaux intelligents pendant plus de dix ans? Des chercheurs de partout dans le monde cherchent encore à percer les mystères de l’ADN, qui nous cache encore bien des choses.
L’ADN peut être considéré à juste titre comme le Plan du Grand Architecte. Le professeur Richard Dawkins a affirmé que l’Architecte de son analogie n’existe pas. Comment peut-on imaginer l’existence d’un plan d’Architecte sans Architecte? Le plan peut-il se dessiner lui-même? Certainement pas? Logiquement, l’Architecte existe, contrairement à ce que dit le professeur Dawkins. Il est complètement absurde et illogique de penser qu’un plan d’Architecte a pu se créer lui-même. S’il y a un plan, il doit nécessairement y avoir un Architecte.
J’aimerais terminer en citant le professeur Antony Flew qui a milité pendant des décennies en faveur de l’athéisme, mais qui a dû revoir sa position en raison des découvertes sur l’ADN : « A mon avis, ce que l'ADN a prouvé, c'est qu'une intelligence a dû être impliquée dans l'assemblage extraordinaire de ces éléments si divers » (cité par Richard Ostling dans Leading Atheist Now Believes in God, Associated Press, 9 décembre 2004).
Par Jean-Robert Gardère, M.Sc
Groupe Harmonie Science et Foi
Références
Brown K, La lecture du génome humain. Pour la Science, No 275, Septembre 2000.
Dawkins R, Le gène égoïste
Ezzel C, Au-delà du génome. Pour la Science, No 275, Septembre 2000.
Jacquard A, L’éloge de la différence. La génétique et les hommes. 1978
Jacquard A et Kahn A, L’avenir n’est pas écrit. Éditions Bayard, 2001.
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